Sans faire de bruit, Mastodon franchit le cap du million d'utilisateurs

Source Étienne Combier - Les Échos

Le réseau social Mastodon se développe sans hâte

C'était l'une des stars numériques en 2017. Mastodon, le réseau social hâtivement comparé à un « anti-Twitter », avait connu son heure de gloire en avril l'an dernier. De nombreux médias, personnalités et journalistes avaient alors vanté sa rapidité, sa facilité d'utilisation et surtout le fait qu'il soit totalement décentralisé.

Près d'un an et demi après sa création, Mastodon semble retombé dans l'oubli numérique. Mais en réalité, le réseau social est bien vivant. En un an, son nombre d'utilisateurs a presque quadruplé, passant de 350.000 à plus d'1,2 million aujourd'hui. Ils sont répartis dans plus de 2.500 « instances », les parties décentralisées du réseau ayant chacune leurs règles et leur propre hébergement, contre un peu moins de 1.000 en avril 2017.

Un réseau social « légitime »

« Le nombre d'utilisateurs augmente constamment, avec un réseau social qui est de plus en plus légitime » estime le fondateur de Mastodon, Eugen Rochko, contacté par « Les Echos ». D'origine russe, cet Allemand de 25 ans  a récemment surfé sur  le mouvement #DeleteFacebook , appelant les utilisateurs excédés par la gestion des données de Facebook à rejoindre Mastodon.

« Nous voyons des vagues de nouveaux utilisateurs de temps en temps, suivant les mécanismes de l'attention et certains articles de presse parlant de Mastodon. Ceux qui restent sont ceux qui parlent avec leurs amis sur le réseau », décrit Eugen Rochko. Un mécanisme somme toute classique pour un réseau social.

Objectif : remplacer Twitter et Facebook

Mais Mastodon veut aller plus loin. Pour Eugen Rochko, le réseau décentralisé peut remplacer Twitter et Facebook comme réseau social dominant. Selon lui, Mastodon peut tirer à plein de l'utilisation du protocole  Activity Pub, récemment validé par le consortium W3C, sorte d'autorité officieuse d'Internet.

 

« Ce protocole permet énormément d'expérimentations. Si quelqu'un a une idée de génie, il aura déjà les utilisateurs présents pour expérimenter son idée sur Mastodon », estime Eugen Rochko. Le jeune développeur mise également beaucoup sur la protection des données personnelles, avec un réseau social où elles ne sont globalement pas nécessaires pour le faire fonctionner.

Des coûts très faibles

L'autre force de Mastodon, c'est la faiblesse des coûts de fonctionnement. Eugen Rochko n'est rémunéré que grâce aux dons des utilisateurs, qui passent  par la plateforme Patreon. Avec 3.500 dollars par mois, le développeur réussit à se payer un salaire mais aussi à financer les serveurs informatiques nécessaires pour faire tourner l'instance principale (mastodon.social). Il rémunère également des modérateurs et un gestionnaire de projet pour quelques missions définies dans le temps.

Les frais sont limités par la forme décentralisée du réseau social : ce sont en effet les internautes qui payent pour l'entretien des serveurs. En cas de problème technique, le code en open source de Mastodon permet de faire appel à la communauté rapidement.

Cette situation convient parfaitement à Eugen Rochko, qui ne voit pas pour l'heure le besoin de recruter des salariés. « Nos besoins sont couverts par mon travail ou celui de la communauté », sourit-il.

A l'avenir, Mastodon ne devrait pas évoluer radicalement. Le réseau social va s'atteler à améliorer son expérience utilisateur, qui reste proche de celle de Twitter, tout en essayant d'attirer de nouveaux utilisateurs. Suivant sa route sans précipitation, Mastodon pourrait tout à fait devenir un mammouth du web.

Etienne Combier


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