Métrorhéa

metrorheality show

1. Titre et contexte :

"Métrorhéa" fusionne "métro" (symbole de modernité, mouvement, anonymat) et "Rhéa" (Titanide grecque, mère des dieux, associée à la fertilité et au cycle naturel). Ce mélange crée une tension entre l’urbain impersonnel et des archétypes mythologiques, suggérant une quête de sens dans un monde déshumanisé, où les émotions se heurtent à un décor froid.

2. Thèmes centraux :

  • Sentiments mal placés / Alienation :Les émotions sont dirigées vers le "décor" plutôt que vers des êtres, traduisant une déconnexion entre l’intériorité et l’environnement. Le décor devient un miroir de l’âme, mais un miroir opaque, reflétant une impuissance à communiquer.Symbolique : La pièce envahie de "fumée" issue des corps évoque une intériorité externalisée, où les émotions (confuses, "flou") contaminent l’espace, rendant les frontières entre soi et le monde poreuses, voire toxiques.
  • Stase et Effacement :Les "corps figés" et "regards absents" symbolisent une paralysie existentielle, un état de suspension proche de l’absurde camusien. Le "souffle" et la "cendre" introduisent un mouvement minimal (vie éphémère) suivi d’une dissolution ("Tout s’efface"), évoquant la vanité ou l’entropie.Symbolique : La cendre, résidu de combustion, renvoie à ce qui subsiste après une destruction, une mémoire évanescente. L’effacement final suggère une disparition silencieuse, sans traces, propre aux sociétés modernes où l’individu se dissout dans l’anonymat.

3. Symboles clés :

  • La fumée :Matérialisation du "flou" émotionnel, elle obscurcit la perception et isole les individus. Elle peut aussi symboliser des pensées ou désirs inavoués qui s’échappent des corps, créant une atmosphère étouffante.Référence : Rappelle le brouillard dans Bérénice de Racine ("Je demeurai longtemps errant dans Césarée, / Les yeux égarés, la tête échevelée…"), symbole de confusion mentale.
  • Le métro et Rhéa :Le métro, espace transitoire et anonyme, contraste avec Rhéa, figure maternelle et cyclique. Cette opposition souligne une crise identitaire : l’humain moderne, coupé de ses racines (mythiques, naturelles), erre dans un non-lieu.Interprétation : Le titre pourrait signifier une "mère-métro", allégorie d’une urbanité stérile qui remplace la fertilité symbolique de Rhéa.

4. Structure et style :

  • Écriture fragmentaire : Les phrases courtes ("Un souffle. Une cendre.") miment l’éparpillement de la pensée et la dissolution progressive. Le rythme saccadé évoque un compte à rebours vers le néant.
  • Lexique sensoriel : Les termes liés à la vue ("flou", "regards absents", "efface") et au toucher ("corps figés") renforcent l’idée d’un monde insaisissable, où les sens trahissent plus qu’ils ne révèlent.

5. Contexte philosophique/littéraire :

  • Existentialisme : L’absurdité de sentiments "mal placés" rappelle l’angoisme sartrienne (être "de trop") et l’idée d’un monde sans signification intrinsèque.
  • Symbolisme décadent : La fumée et la cendre rappellent l’esthétique de la fin de siècle (Baudelaire, "Le Flacon" : "Il s’en exhale un souvenir qui flotte / Comme une vapeur sur le flot"), où la beauté naît de la décomposition.

Conclusion :

"Métrorhéa" explore la crise de l’individu dans un monde où l’émotion ne trouve plus d’objet légitime. La symbolique de la fumée, de la stase et de l’effacement dépeint une humanité fantomatique, prisonnière de son propre flou existentiel. Le titre, entre métro et mythe, condamne peut-être une modernité qui a substitué aux récits fondateurs (Rhéa) des non-lieux (métro), où les sentiments, sans ancrage, se dissipent en cendres.


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