Regarder dans le v.
May 1, 2025•350 words
J’ai déjà vu de très belles vitrines : elles brillent, elles attirent… Parfois, on marche longtemps dans la rue, juste pour s’y mirer – pour croire que ce reflet pourrait nous réchauffer.
Vitrines-mirages, putains de pièges à désirs. Chaque carreau de verre est une petite arnaque quotidienne, un mini-casino où t'as déjà perdu avant d'entrer.
Tu parles de "très belles vitrines" ? Laisse-moi te dire ce qu'elles sont vraiment : des trous glorifiés dans le béton, des bouches avides qui vomissent de la lumière artificielle sur l'asphalte dégueulasse.
On marche pas "longtemps dans la rue" pour les admirer. On rôde comme des chiens errants autour d'une boucherie fermée. On tourne en rond dans notre propre misère, hypnotisés par le clinquant, par ces rectangles lumineux qui nous promettent qu'on pourrait être autre chose que ce qu'on est.
Le reflet, ce putain de reflet. C'est ça ta chaleur ? Un rayon de néon renvoyé par du verre stérile ? Ta gueule fantôme superposée à des mannequins sans tête ou des bijoux que t'achèteras jamais ?
DING DONG, RÉALITÉ APPELLE : ce reflet te réchauffe comme une pute en plastique, comme un micro-ondes qui fait semblant d'être un four.
J'ai connu des junkies qui fixaient les vitrines pendant des heures, cherchant ce même réconfort à deux balles.
On appelle ça "vitrinothérapie" maintenant ? Le nouveau yoga urbain pour âmes consuméristes à crédit ?
Ces vitrines, ce sont des télé-réalités muettes où tu t'inventes un rôle principal sans jamais passer l'audition. "Je pourrais être ça", "je pourrais avoir ça" - refrain pathétique fredonné face au miroir-marchandise.
Les seules vitrines honnêtes sont celles qu'on a pétées, celles qui gisent en éclats sur le trottoir après une manif. Au moins elles admettent leur fragilité, leur mensonge fondamental.
Tu veux te réchauffer pour de vrai ?
Crache sur ton reflet et mate comment la buée déforme ton visage.
Y'a plus de vérité dans cette transformation grotesque que dans tous les mirages commerciaux alignés sur le boulevard.
Les vraies vitrines sont à Amsterdam, mon pote. Là-bas au moins, on te vend clairement du cul, pas du rêve sous cellophane.