En temps de pandémie : Gurnigel et Jaunpass à moto (10.5.2020)
May 10, 2020•771 words
Je crois bien que c'est la première fois que j'ai attendu quasiment mi-mai pour franchir à moto mes premiers cols de l'année. Encore un effet de la pandémie comme si encore il nous fallait une nouvelle preuve que cette année 2020 devait être particulière.
En ce dimanche 10 mai, le départ a lieu un peu avant midi, direction Châtel-St-Denis, puis autoroute jusqu'à Bulle. A la sortie de Bulle, l'objectif est de rejoindre Zollhaus pour m'engager ensuite en direction du Gurnigel. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas pris cet itinéraire. Je me souviens de la première sortie en 2010 avec BlackPearl et de la glace et de la neige encore présentent au bord de et sur la route.
Ce dimanche marque également le dernier jour de la fermeture des établissements publics. A partir de demain, ils pourront rouvrir sous conditions dont celle de composer des tables de quatre personnes au maximum et de faire respecter la distanciation sociale (2 mètres) entre les tables. Nous sommes en quelque sorte à la fin d'une ère particulière qui a duré huit semaines.
En traversant Le Pont ou Le Mouret, les effets de la pandémie sont évidents, même pour un dimanche. Alors que nous sommes le dimanche de la Fête des mères, la succession de café-restaurants fermés donne une impression, à chaque fois, de villes ou villages quasiment fantômes.
Cependant l'auberge de la Croix-Blanche au Pont vend des repas à l'emporter, via un guichet. Devant ce dernier, les clients sont sagement alignés les uns derrière les autres en respectant les deux mètres de distance. Le même scénario se répète devant les boulangeries ouvertes ce dimanche.
Nos vies ont basculé et changé très fortement en huit semaines. De nouvelles habitudes sont prises. Ces scènes sont devenues celles du quotidien. D'apparence tout paraît normal. Et en fait, il n'en est rien. Il faudra cependant s'y faire pour un bon moment encore.
Il fait déjà chaud, mais la pluie est annoncée pour l'après-midi. Plus je monte en direction du Gurnigel, plus la température baisse et le ciel s'obscurcit de nuages.
Sur la route, je rencontre peu de voitures, mais passablement de motos. Probablement un effet de la météo et de la pandémie.
Au sommet du Gurnigel, peu de voitures parquées et aucune terrasse ouverte, contrairement à d'habitude. Seules les motos sont relativement en nombre. Devant le restaurant Berghaus, la rubalise barre l'entrée fermée de l'établissement. Qu'en sera-t-il à partir de demain ?
Je redescends en direction de Thoune, puis je rejoins la route pour Zweisimmen. Dans la vallée, je m'arrête vers 13h45 pour une collation. Là, aussi la situation est nouvelle. Il faut désormais être autonome. Le cas échéant, il faut même penser prendre avec soi son papier de toilette. Là aussi il faut prendre de nouvelles habitudes. Qui vont durer malgré la réouverture des café-restaurants.
Je me suis d'ailleurs arrêté juste à côté de l'un d'eux. A l'intérieur, le patron s'affaire en prévision de la réouverture. La terrasse est prête. Les tables de quatre personnes sont bien espacées. Devant l'entrée, des affiches de couleur jaune indiquent les nouveaux horaires du restaurant et fournissent également des informations aux clients. Devant la diminution du nombre de couverts, il sera désormais nécessaire de réserver pour avoir une table, mais il ne sera pas possible de choisir sa table au moment de la réservation. Les clients seront placés à leur arrivée. Cette situation usuelle dans les établissements québécois ne l'est pas chez nous. Elle va le devenir durablement.
Chacun visiblement tâtonne et essaie de prendre ses marques.
Un peu avant deux heures, je reprends la route en direction du col du Jaun. A nouveau la circulation n'a rien à voir avec les dimanches d'avant. Toujours peu de voitures, peu de gens dehors dans les rues et passablement de moto en groupe. Même les vélos sont rares. La montagne nous appartient.
Petit arrêt au sommet du col du Jaun. Deux motos sont arrêtées. La mère, le père et le fils sont de sorties. Je m'arrête en respectant la distance sociale. Les motos suivantes qui s'arrêteront feront de même. Alors que généralement les motards parlent volontiers entre eux et se mélangent, là également les règles évoluent et c'est bizarre.
Le temps de manger une banane et de boire de l'eau et il est temps de reprendre la route. A 15h45, je mets définitivement pied à terre devant chez moi. Cette première sortie en montagne en temps de pandémie prend fin. Il faudra s'y faire et notamment le fait que les frontières sont actuellement fermées. Une bonne occasion de rester centré sur les cols suisses. Ils n'en manquent pas : https://www.motofun.ch/paessefahren.html
A suivre…