Quand la vallée du Mississippi était française | podcast
November 28, 2022•555 words
Ou comment, au départ, un religieux raté le Sieur Robert Cavelier de la Salle remonte le Mississippi et débute une nouvelle page de la présence française en Amérique. Et comment nous rencontrons aussi deux noms familiers dans l'espace urbain montréalais.
Introduction
À la fin du XVIIe siècle, le royaume de France prend possession de la Louisiane. Comment expliquer la permanence de la langue et de la culture françaises dans cet espace, malgré une période d’occupation assez courte ?
Avec
Cécile Vidal Directrice d'études de l'EHESS
Gilles Havard directeur de recherches au CNRS
Coloniser le fleuve Mississippi
À la fin du XVIIe siècle, des jésuites, des aventuriers, des chasseurs d’or et de fourrures explorent les alentours du fleuve Mississippi.
En 1682, René-Robert Cavelier de La Salle prend possession de la Louisiane au nom de Louis XIV. Pour les Premières Nations, il ne s’agit pourtant que de traités d’alliance comme selon leurs habitudes.
La colonie sera officiellement fondée par Pierre d’Iberville, avec le fort Maurepas autour duquel s'organise la colonie de Biloxi, première capitale de la Louisiane.
Cécile Vidal, spécialiste de l'histoire de la colonisation dans l’espace atlantique, précise qu'au départ
"c'est l'exploitation de la traite des fourrures" qui intéresse les Français ; mais "suite aux échecs de ces expéditions (...) un projet de colonisation de la Basse-Louisiane, qui va être le fait de Pierre Le Moyne d'Iberville en 1699, va d'abord se produire sur le golfe du Mexique, à l'est du delta du Mississippi. Il n'y a pas immédiatement l'idée d'utiliser la dorsale du Mississippi comme l'axe de colonisation au départ". Ainsi, les Français "parviennent à établir un réseau d'alliances avec toute une série de nations amérindiennes ; les relations sont plutôt pacifiées dans un premier temps".
L’épisode met en évidence la particularité de l’expansion française qui s’articule autour de la remontée ou descente de deux fleuves reliés par la région des Grands Lacs : le Saint-Laurent et le Missisipi alors que la colonisation britannique passe par les terres depuis la façade atlantique.
Vague migratoire (1717-1721) en Louisianne
Entre 1717-1721, on assistera à une grande vague migratoire en direction du Misisipi. 6000 personnes 120 filles orphelines dites à la cassette, 1300 déportées des femmes dites de mauvaises vies, 2400 engagés d’origine française pour travailler au service de concessionnaires ouvrant des plantations , 1300 émigrants des états allemands et suisses et 250 travailleurs engagés directement par la Compagnie des Indes. 60% vont décéder sur place. Sur les survivants beaucoup vont vouloir rentrer. (à écouter partir de 35:50).
Pour aller plus loin
Cécile Vidal est directrice d’études à l’EHESS, spécialiste de l'histoire de la colonisation dans l’espace atlantique. Elle a notamment publié :
Une histoire sociale du Nouveau Monde(Éditions de l'EHESS, 2021)
Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society (University of North Carolina Press, 2019)
Europe / Amérique du Nord. Cinq siècles d’interactions (en collaboration avec Jacques Portes, Nicole Fouché et Marie-Jeanne Rossignol, Armand Colin, 2008)
Gilles Havard est directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-France. Il a notamment publié :
L’Amérique fantôme. Les aventuriers francophones du Nouveau Monde (Flammarion 2019)
Histoire des coureurs de bois. Amérique du Nord 1600-1840, (Les Indes savantes, 2016)
Cécile Vidal et Gilles Havard ont coécrit un ouvrage :
- Histoire de l’Amérique française (Flammarion, 2003, réédition 2019)