en musique

l'homme est de dos,
seul au centre de la scène,
seul et bien entouré,
mais son dos est debout,
debout face aux musiciens assis,
alors il est le clou du spectacle, l'herbe folle, l'arbre sous le vent,
lui, son dos, sa chemise, ses gestes, ses rebonds, ses emportements,
lui, bien ancré dans ses appuis, dans ses chaussures montantes de cuir, soutenant ses jambes de coton lin, son torse cotelé bordeaux, son cou, sa tête, sa barbe naissante entraperçue
lui, d'un seul tenant, qu'il vente ou qu'il tonne
de toutes ses branches,
animant la tempête,
réfrénant la mélodie,
donnant la parole,
portant le souffle,
d'une secousse de doigts,
d'un arrondi du coude,
d'un élan de l'épaule,
d'un retournement de main,
d'un rebond de cheville,
d'un inflexion de nuque.

les plis de sa chemise forment un paysage
qui s'anime comme sous un ciel changeant

toujours de dos,
toujours d'un seul tenant
un instant, emporté dans une torsion,
sa chemise s'éclaircit d'une ligne de boutons blancs,
fugace comme un éclair,
avant qu'une torsion inverse ne ramène son dos face à nous

je n'écoute que ses gestes sous la musique


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