24 ans

24 ans. 24 putain d’années.

J'ai vraiment pas envie d'avoir 24 ans. C'est trop nul comme âge.
Déjà, j'aime pas les nombres pairs... Mais bon, j'avoue, c'est pas un très bon argument.
Alors, il faut qu'on l'admette : 24 ans, ça n'a aucun cachet. Je préférerais limite passer direct à 25. Un quart de siècle. Tu sens le coup de vieux... C'est flippant, mais ça a déjà plus de gueule. Tant pis, ce sera pour l'an prochain.

Cela dit, au risque de me faire haïr par celles et ceux qui ont atteint un âge bien plus vétuste (il paraît qu'on appelle ça la sagesse), il faut que je rétablisse une vérité... 24 ans, c'est vieux, putain !
Ça fait 8766 jours, et bientôt autant de nuits. Autant de réveils - difficiles ou pas -, autant de fois où j'ai ouvert les yeux sans jamais imaginer tout ce qui allait se produire au cours de la journée, toujours en essayant de saisir toutes les opportunités de rencontres et de découvertes que m'offraient ces instants de clarté sur notre Planète, avant de fermer les paupières quelques heures plus tard pour recharger mes cellules, et ensuite recommencer ce cycle insensé et illusoirement infini. 8766 jours, dont 46,53% passés sur des bancs de l'école... Autant dire que ça m'a laissé peu de temps pour faire des trucs intéressants.

J'ai quand même essayé.

La réalité, c'est qu'on vieillit à chaque instant. Le tic-tac de l'aiguille des secondes qui s'écoulent, les croix sur les pages des calendriers qui s'empilent et les bougies des anniversaires qui s'additionnent ne sont que des signes du temps qui passe.
Des jalons symboliques qui te rappellent gentiment que t'es pas éternel...

Ça fait flipper.

Entendons-nous bien, je ne voudrais surtout pas vivre éternellement. Les histoires sont belles parce qu'elles ont une fin ; la vie est belle parce qu'elle est éphémère.
Je n'ai pas non plus peur de la mort... À quoi bon ? C'est la seule issue possible, difficile de pas être au courant. Quelles que soient nos croyances, j'ai l'impression qu'on s'accorde sur le fait que la vie sur Terre prend fin, un jour ou l'autre. D'ailleurs, c'est peut-être bien ma seule certitude. Alors je pourrais crever demain, j'aurai été heureux toute ma vie. À la grosse louche.

Ce qui me fait flipper, ce n'est pas la perspective de la fin, c'est de voir le début s'éloigner.
Le vrai problème, c'est que le temps passe trop vite. Beaucoup trop vite. Et toujours plus vite.
Je me revois encore débarquer à l'unif, il y a un peu plus de 6 ans. Je n'étais même pas majeur, mais j'avais plus de certitudes sur la vie à cet âge que maintenant.
À l'époque, j'avais intégré, inconsciemment, une certaine idée de mon avenir. Sans toutefois me projeter réellement, je n'imaginais pas mon futur différent de la Disney-vie. Tu sais, la maison, la bagnole, le chat, les poissons rouges, la meuf, le mariage, les gosses...
Faut dire qu'à mon âge, ma mère était déjà maman une fois, et moi j'attendais bien au chaud le moment venu pour ouvrir les yeux pour la première fois.

Depuis l'époque de mes 17 ans, mes certitudes se sont envolées. Elles ont fait place à de nouvelles convictions, et surtout de nouvelles questions... J'ai tué moi-même tous ces rêves, sans en avoir complètement fait le deuil.

Alors je recommence.

Je me construis de nouvelles certitudes, qui n'ont de certain que le fait qu'elles ne le seront plus, un jour.
J'écris de nouvelles réponses à ces questionnements.
Parfois, je pense que je préfère (me) poser des questions qu'y apporter des réponses. Peut-être, au fond, que mes questions sont des réponses. Peut-être que ma manière de répondre, c'est de poser des questions.
Je doute. Je crée. J'essaie. Je me plante. Et je réessaie.

Le problème du temps qui passe, c'est que j'ai un million de projets en tête et une seule vie pour les réaliser. Alors, forcément, j'ai peur de ne pas avoir le temps de tout faire. Je vais encore devoir faire des choix. Et tu sais, choisir, c'est pas trop mon truc. Je vais encore devoir prononcer des tas de fois ce mot que je déteste : "non". Il s'agirait de bien choisir, de pas se louper.
Mais on va pas se foutre la pression.

En classant les archives de cette année qui se termine, j'ouvre un nouveau cahier, la tête pleine d'idées à y écrire.
J'avais pas envie d'avoir 24 ans. Mais je vais m'y faire. Et surtout, faire le meilleur de cette 25e année. Pour qu'elle soit, comme toutes les précédentes, "my best year yet".


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