Musulmans français, que voulons nous vraiment ?

La situation des musulmans en France est un sujet de discussion qui fait couler de l'encre et des pixels à n'en plus finir.
Pour certains elle est catastrophiques, pour d'autres pas si mal, pour d'autres enviables, pour d'autres améliorables...

Avant d'ajouter un adjectif à cette liste, j'aimerai, lorsqu'on parle de situation, préciser exactement de quel genre de situation il s'agit.

Situation économique ? Les musulmans sont très hétérogènes à ce niveau. Même si on peut sans trop se tromper, dire que la majorité font partie des classes sociales populaires, voir le fond de la classe moyenne, ces situations sont diverses, sans qu'on ait pour autant à ma connaissance beaucoup de millionnaires. Je parle ici bien sûr de la situation isolée de chacun, les musulmans ne formant pas une entité economique cohérente et uni

Situation médiatique ? Là dessus on est tous à peu près unanime pour constater que l'islam et les musulmans en général, ne sont pas bien vus. Sujet préféré des médias lorsqu'il s'agit de trouver un coupable à tout, l'islam est détesté, les musulmans aussi. Quant à savoir si c'est un mal en soi, c'est un autre sujet que j'aborderai plus bas sans rentrer dans des détails qui dépassent ma compétence d'observateur.
L'islam est un des sujets favoris des gros médias sur lesquels nos yeux et nos oreilles sont constamment braqués. Médias qui ont l'art de maintenir le niveau du débat sous le zéro absolu, ils baignent dans une médiocrité intelectuelle que beaucoup malheureusement y compris parmi les musulmans prennent comme référence.

Situation islamique ? Oui, la situation islamique des musulmans. A l'heure où certains déplorent une "réislamisation des musulmans", c'est un sujet sérieux. Car l'islam n'est pas une étiquette socio-culturelle, c'est un ensemble de valeurs et croyances qui ont une implication dans le réel, et malgré les innombrables tendances plus ou moins orthodoxe, il nous faut tous nous questionner sur notre sincérité, nos intentions profondes envers Allah. Et notre situation à ce niveau si on prend la température ambiante, en partant bien sûr de mon expérience totalement subjective et en portant un regard global, n'est pas... fameuse.
Bien sûr il y a a échelle individuelle, ou de petits groupements, de gens exceptionnels que nous pouvons croiser au quotidien, et même si nous ne pouvons lire leurs cœurs, parfois la sincérité dans l'adoration et dans les actes se ressent fortement de certaines personnes.
Mais généralement, en tant que communauté, nos centres d'intérêts ne volent généralement pas très haut et ne vont guère plus loin que notre qualité de vie individuelle dans une société individualiste. metro, boulot, dodo, supermarché, ecole, vacances. C'est notre quotidien, et c'est ce quotidien que nous essayons parfois même inconsciemment de protéger lorsqu'un islamophobe tente de remettre en cause nos droits à jouir de cette routine ( caricaturale mais pas très loin de la réalité).

La question est maintenant de savoir quelle situation nous voulons améliorer, dans quel but, et par quels moyens ? S'unir, bien sûr qu'il le faut, mais au nom de quoi ? Pour qui ?

Qu'on l'admette ouvertement ou non, la société dans laquelle nous vivons est parsemée de dogmes, de croyances, et est très loin de la rationalité objective et scientifique dont elle se targue à longueur de temps. Et pour ceux qui ont peur de lire les écrits sulfureux d'un Aïssam Aït-Yahya ou Sofiane Mezziani à ce sujet, je vous recommande l'ouvrage très politiquement correct de Idriss Aberkhane "Libérez votre cerveau" qui a au moins le mérite de mettre à jour l'existence de dogmes dans notre société aux idéaux prétendument basée sur la raison.

La deuxième question en partant de ce postulat est : quels sont ces dogmes et croyances, sont-elles en accord ou non avec la croyance en Allah et en ses messagers ? Et surtout, que savons-nous réellement de cette croyance ? A ce sujet il faut que chacun d'entre nous s'éduque, car il est impossible d'affirmer que telle doctrine est en accord ou non avec l'islam si on n'étudie pas ces deux doctrines au moins dans les sujets sur lesquels le débat peut porter.

Mais laissons ces sujets pointus à ceux qui les maîtrisent pour nous concentrer à la question qui soulève aussi des éternels débats et qui nous touchent directement, personnellement et quotidiennement : que doit-t-on faire ?

Certains lorsqu'on leur parle d'agir, voient tout de suite comme seule et unique voie le combat juridique et institutionnel, couplé à la plainte médiatique permanente. Est-ce une façon d'agir ? Oui. Est-ce la meilleure ou est-elle simplement bonne ? C'est très discutable, voir le post précédent de ce blog. Quel mode de vie défendons-nous ? Quelle vision de la vie en société ? Quelles réponses aux problématiques profondes noyées sous les débats stériles et rentables pour ceux qui les organisent, contre le hijab ?

Les champs d'actions sont divers, agir ce n'est pas une ligne tracée et indiscutable. On ( On = les adeptes du combat par la plainte auprès des autorités) reproche souvent à ceux qui critiquent une action à priori "bénéfique" de "n'avoir rien fait" pour avoir la légitimité de parler et de critiquer. Ils font taire la moindre critique constructive sous prétexte d'avoir à faire à des trolls haineux et immatures. Ce qui est parfois le cas c'est vrai. Mais généralement ces gens qui répondent à la moindre critique par du mépris ne se soucient que très rarement de savoir ce qu'a réellement fait celui qui leur apporte la critique.

Petit message d'un frère que j'apprécie à ce sujet : "Certains nous parle encore de citoyenneté, de valeurs républicaines, de liberté, de laïcisme dévoyé pour s'accrocher en vain à une corde usée censé protéger leurs droits. Or cela fait 30 ans que nos droits sont grignotés les unes après les autres au nom de ces mêmes principes. Ces gens-là vont-ils le comprendre un jour ?"

Imaginons un instant, aller un petit effort, imaginons que cette personne soit secrètement très généreuse et qu'elle aide constamment ses frères et sœurs dans le bien, qu'elle les soutienne moralement et matériellement, imaginons une personne très pieuse et sincère, qui critiquerait le fonctionnement des initiatives en place avec une langue pleine de douceur, de bienveillance et de bonne volonté... Ce qui est le cas pour l'auteur du petit extrait ci-dessus.

Est-ce que cette personne aurait enfin votre oreille ? Supposons que oui, alors là réellement le débat sur le "quoi faire" peut commencer. Il est triste de devoir en arriver là pour pouvoir engager une simple discussion d'idées. Certes beaucoup d'insultes et de critiques stériles volent et il est difficile de parler avec un ton apaisé dans notre contexte, y compris entre musulmans. Mais pour tout mouvement sérieux, il est indispensable de se remettre en question en permanence, d'examiner les critique même si elles proviennent de la pire des langues, sans quoi elle est vouée à s'enfermer la tête dans le guidon et des œillères, et une constante auto-congratulation comme moteur...

Après avoir posé ces bases, j'aimerai en tant qu'internaute musulman, français moyen totalement anonyme n'ayant aucune légitimité pour parler, proposer des pistes d'actions.

Pour répondre à la question du "que faire", il faut d'abord s'en poser une autre : Que veut-t-on ? Que veux-t-on réellement en tant que musulman ?
Si on se fixe comme objectif ultime de jouir des mêmes droits et avantages matériels que le "Français moyen" (moche expression mais faute de mieux on va faire avec), du même traitement médiatique en tant "qu'individu", est-ce qu'il n'y a pas un problème ? Est-ce que c'est vraiment un objectif sérieux ?

Peser économiquement, médiatiquement, n'est pas un objectif en soi... Si le but est de s'insérer et avoir une place dans le jeu médiatique hypocrite, le capitalisme avide, l'image de marque vide et la poignée de mains des puissants, alors on a manifestement raté quelque chose dans notre cheminement de musulman.

Nous devons sortir du jeu, tout simplement. Ca ne signifie pas de ne plus exister, de se désintéresser de la chose publique ou être systématiquement hostile à tout pouvoir, absolument pas. Mais la chose publique est infiniment plus vaste qu'un chiffre d'affaire ou une image médiatique. Nous devons réapprendre à exister dans un autre regard que celui des chaînes d'information en continue ou du citoyen lambda qui nous regarde de travers dans la salle d'attente. Notre volonté de toujours vouloir briller là où l'idéal dominant nous demande de briller (pour plus de détail voir livre "De l'idéologie islamique française - Nawa editions) nous condamne à errer sans issue dans des ténèbres morbides totalement vides de sens.

Ce n'est pas une victoire d'avoir fait condamner un petit haineux pour propos islamophobe. Ce n'est pas une victoire d'avoir une musulmane en turban qui chante dans une émission de télé. Ce ne sont que des preuves d'une volonté d'insertion dans un système en décrépitude et profondément injuste dans ses fondements.
Nous devons nous fixer d'autres objectifs, plus nobles et beaucoup moins brillants aux yeux des Humains de notre temps, mais probablement plus bénéfiques et plus durables au regard de Celui qui nous a mis sur cette terre pour l'adorer et qui incha Allah sont plus pertinents et bénéfiques sur le long terme.

C'est là que je voudrai introduire cette mentalité de résilience. Résilience et non pas résignation. Cette mentalité, qui mon humble avis est plus proche de ce qu'Allah demande et de ce que le prophète alayhi salat wa salam nous a recommandé, nous permettrait de sortir de ce jeu malsain voué a l'échec ici bas et dans l'au-delà.

Quelqu'un exprime sa haine des musulmans pour des raisons personnelles, émotionnelles ? Qu'on l'ignore simplement ou qu'on lui fasse un simple rappel de ce qu'est l'islam, sans en faire des tas et des tas d'Histoires et en reprochant à son arrière grand-père d'avoir colonisé l'afrique.

Séparons l'islam des luttes ethnico-culturelles qui ne sont bien souvent que des luttes d'ego. A ce sujet, voici un rappel pertinent d'un prédicateur musulman amrécirain (Daniel Haqiqatou) :

"Les néologismes comme “musulman athée” n’ont de sens que si “musulman”, comme “juif”, est considéré comme une étiquette ethnique ou culturelle, une parmi tant d’autres. Bien sûr, le mot arabe “musulman” lui-même signifie “celui qui se soumet[à Dieu]” et théologiquement être musulman, en vérité, a certaines exigences en termes de croyance et de pratique"

Quelqu'un critique un concep islamique, le Coran ou un élément de la religion ? Si il est sincère dans le débat d'idées, qu'on envoie les personnes compétentes débattre avec lui sur ces idées.
Et s'il n'est pas sincère et ne cherche qu'à exprimer son rejet de l'islam par des bassesses et des arguments ridicules, qu'on se désintéresse de lui. Inutile d'appeler les tribunaux pour ça, inutile de lancer un scandale médiatique sur le sujet comme le font avec un triste acharnement le CCIF et L.E.S Musulmans. Et si quelqu'un le lance, ne l'alimentons pas. Laissons passer l'insulte aveugle et concentrons nous sur d'autres choses qui sont plus importantes (que j'aborderai par la suite).

Cessons d'épingler le moindre journaliste ou responsable politique qui attaquerait l'islam en respectant ou non les valeurs de la laïcité. Cette constante victimisation qui consiste à pointer chaque mot lancé par tout le monde et ensuite à s'en offusquer n'attire que le mépris, et n'est pas le fruit d'une vision mature de soi-même. Ce n'est pas constructif. Ca ne fait qu'ajouter à la fureur médiatique et excite encore plus ceux qui veulent faire leur beurre sur ces polémiques touchant aux scandales des uns et des autres.
Débattons sérieusement sur les idées lorsque le contexte soulève des questions pertinentes, ou ne débattons pas.

Ceux qui mettent du saucisson de porc dans les rayons halal doivent être ignorés. Ceux qui lancent des moqueries à l'encontre des soeurs, des frères, doivent être ignorés. D'une manière générale, toutes les attaques verbales doivent êtres traités de la sorte :

Si elles touchent des sujets qui font appel à un débat d'idées, alors envoyons les bonnes personnes débattre, avec des arguments construits, réfléchis, sans concessions sur notre religion. Car ça fait partie de la prédication, la da'wa nécessaire.

Si elles ne sont que des insultes stériles, laissons aboyer, vociférer. Passons notre chemin. Ne soyons ni blessés ni perturbés. N'ayons ni honte ni regrets de ne pas être aimé de tout le monde.

Oui c'est très tentant et facile de pointer le moindre acte de lâcheté, de méchanceté gratuite de ceux qui n'aiment pas l'islam, surtout qu'ils sont nombreux, mais le silence est pour la plupart d'entre eux la meilleure des réponses. Nous sommes dans une bulle médiatique de combats d'egos totalement détachée des véritables questionnements et débats d'idées, qui ont lieu bien plus souvent dans le privé loin des caméras, avec les personnes qui cherchent vraiment à comprendre et connaître l'islam.
C'est une erreur de croire que ce qui est le plus débattu en public est le plus digne d'intérêt. De nombreuses questions d'une importance vitale restent ignorées et n'intéressent que ceux qui sont prêts à laisser leur ego de côté et s'attarder sur des questions peu gratifiantes et ne suscitant que peu l'intérêt des foules et des caméras.

J'ai la conviction que, contrairement à ce que certains pensent, délaisser toutes ces insultes stériles pour se concentrer à construire autre chose à côté est bien plus bénéfique que d'être en permanence sur tous les fronts médiatique en se battant avec des mythes vides de sens même pour ceux avec qui nous nous battons. Ce front médiatique nous obsède et même si ses implications dans la réalité sont nombreuses, le monde réel est bien plus vaste et les opportunités à ce niveau bien plus intéressantes et fertiles. Penser que ces personnes seront subitement plus gentilles une fois qu'elles auront reçu une condamnation en justice est d'une naïveté profonde pour le musulman lambda, et d'une naïveté coupable pour les organismes censé défendre les musulmans.

Edit : Cette hypotèse s'est confirmée avec la récente condamnation de Zemmour, qui n'a en rien adouci son discours.

Détruire leur discours ne sert à rien si on en a pas un cohérent et construit à proposer, qui soit le plus englobant possible. Et le temps qu'on passe en polémique et production de bruit avec les haineux de l'islam ou même entre frères et sœurs, est du temps non utilisé à se questionner soi-même, remettre en question nos actions passées et présentes, et à discuter calmement avec les musulmans pour avancer en commun sur des bases solides et objectif sain.

Ensuite, concernant ceux qui s'en prennent physiquement à nous, à nos sœurs à nos frères, je peux comprendre ceux qui feraient appel aux tribunaux et aux institutions, mais nous devons en même temps avoir une prise de conscience responsable : ne pas laisser de sœur ou même de frère vulnérable se déplacer seul. Cela implique de revoir totalement notre mode de vie, notre rôle sur terre, dans ce pays. Cela signifie renoncer à faire partie de la classe moyenne d'une société consumériste en décélération alarmante. Le problème est multi-dimentionnel et ne s'attaquer qu'à un symptôme un peu plus voyant que les autres est une erreur.

Ensuite, pour tout ceux touchés par des problèmes économiques en raison de leur appartenance à l'islam, comme les sœurs portant le hijab qui ne trouvent pas de travail, des solutions complètes et durables doivent être mises en place. Ces solutions peuvent être de divers types : rassemblement d'entreprises permettant aux sœurs d'y travailler, favoriser et mettre en place des milieux de vie qui ne demandent pas aux sœurs de travailler à plein temps, développer plusieurs communautés locales en rassemblant les moyens : logement, nourriture, transports, etc...
Le gaspillage aujourd'hui de notre part est colossal et bien des situations de détresse pourrait être évité si nous adoptions une autre approche sur notre manière de vivre et de faire circuler les biens.

Il faut cesser d'attendre des autres qu'ils valident nos croyances ou qu'ils nous portent dans leur cœur, cette mentalité immature est hautement toxique pour permettre aux musulmans d'assumer pleinement leur choix de croire. Et immature aussi est l'idée qui vise à penser que la seule possibilité de dialogue passe par l'Etat, ses croyances et ses institutions.

C'est à une véritable conscience de communauté que j'appelle, nous devons passer en revue tout notre mode de vie et sortir de l'individualisme dans lequel nous vivons parfois bon gré, qui obstrue notre vision. Car tenter de résoudre un problème avec la même mentalité que ceux qui les ont créés est stérile, les problèmes auxquels nous faisons face ne sont pas uniquement organisationnels, judiciaire, ils relèvent d'un mode de vie et d'une conception du monde mauvais dont certains qui ne sont même pas musulmans essaient de sortir.
Traiter un problème avec la même mentalité que ceux qui l'ont créé, et isoler les injustices en les traitant indépendamment en ignorant volontairement (y compris avec des bonnes intentions) les dynamiques globales qui font l'Histoire de l'humanité est très sûrement voué à l'échec.

Il faut renforcer la proximité entre les musulmans, à moyen terme pourquoi pas développer des communautés éparses inter-connectées, mais ne plus vivre chacun dans son pavillon, son HLM, avec le boulot et les vacances comme seuls horizons de vie. Certaines initiatives locales existent déjà mais il faut les renforcer, leur donner plus d'importance, d'attention, de sens, d'intérêt de portée dans les sujets abordés, corriger ce qui peut l'être et pardonné ce qui est pardonnable car personne n'est parfait et certainement pas nous.

Le but de toute la démarche de chacun, doit être d'assurer aux musulmans des moyens de subsistances corrects mais dans la frugalité, l'art de ses contenter de peu et de trouver son bonheur dans autre chose que la position sociale ou l'accumulation de biens.
Une volonté tournée vers la construction d'un mode de vie le plus possible en accord avec l'islam, sans chercher à acquérir de position importante au sein des diverses institutions existantes. Dialoguer ou se confronter avec les autres groupements humains qui composent la France en s'adressant directement à eux sur des problématiques concrètes et éviter le battage médiatique stérile. Cette vie n'est qu'une illusion passagère.

Porter les sujets sur les questions de fond après s'être soi-même formé à y répondre, et assumer nos désaccords sur nos manière de voir le monde par rapport aux autres croyances, car oui l'islam est une toute autre lecture du monde et de l'Histoire de cette Terre, qui n'est pas cohérente avec les récits athées, séculariste, progressistes.

La France comme la totalité du monde aujourd'hui connaît de graves problèmes économiques, financiers, alimentaires, médicaux qui vont en s'aggravant à la manière d'une courbe exponentielle, et tout ça est presque noyé sous les débats stériles sur l’antisémitisme d'on ne sait qui.
Il faut se débrancher de ces polémique, apprendre à les ignorer dans le silence d'un homme sourd-muet qui construit sa maison sans s'arrêter pour montrer patte blanche à la moindre demande.

Nos centres d'intérêts en tant que communauté ici bas et en tant que musulman seuls face à Allah doivent êtres totalement redéfinis. Ils doivent sortir des critères de l'idéal et des dogmes ambiants inconsciemment mis en pratiques par beaucoup d'entre nous. C'est, je pense, la seule et réelle voie d'action qui mérite qu'on y accorde des moyens et de l'attention. Toutes les autres issues sont des voies illusoires, des victoires éphémères qui ne masquent que des défaites et des défaillances encore plus grandes.

N'oublions pas dans le bouraha infernal, que dans peu de temps nous seront tous sous terre et nous ne seront pas interrogés sur notre score médiatique, le chiffre d'affaire de burkinis, ou le nombre d'élus de la république ayant des origines islamiques. Ne cherchons pas non plus à plaire à tout le monde car jamais tout le monde ne nous aimera, il faut bien se rentrer ça dans la tête. Si nous attendons que tout le monde donne son feu vert pour progresser, nous avancerons uniquement dans le sens de la majorité, qui n'a d'autre argument que le nombre. Et le nombre n'est pas un argument sérieux.

Agir en gardant à l'esprit comme objectif d'avoir une vie en accord avec les enseignements de la sunna sur un maximum de plans, en cessant d'attendre des autres qu'ils nous aiment, qu'ils nous soutiennent au nom de leurs propres valeurs en lesquelles ils ne croient plus, pour beaucoup.
Et ceux qui y croient encore, qu'ils comprennent que nous n'y croyons pas et que ce n'est pas pour autant que nous sommes des assoiffés de sang cherchant à éliminer tout ce qui n'est pas nous.
Qu'ils comprennent que le dialogue inter-religieux existait bien avant l'imposition du dogme laïque contrairement à la lecture moderne de l'Histoire qui veut faire croire qu'avant les "lumières" l'humanité a toujours vécu dans l'obscurité et la barbarie.

La résilience dans ce contexte, en tant que musulmans, c'est à mon sens sortir de cette courbe exponentielle infernale qui court droit à sa perte. Se fixer un objectif sain même modeste et s'y tenir, en s'adaptant et en laissant passer les injures et attaques puériles même si elles sont nombreuses. Soutenir et réconforter les frères et sœurs qui en souffrent et leur assurer un appui interne et sincère, en leur apprenant à ne pas craindre le blâme s'ils sont convaincu que l'islam est la vérité.

Pardonner leurs erreurs à nos frères et sœurs lorsqu'ils sont sincère dans leur volonté d'avancer mais qu'ils se trompent de sens, et le faire dans un objectif de construire et pas de détruire.

Se focaliser sur la construction durable, sur le long terme et lorsqu'il le faut, dans le silence, plutôt que les combats illusoires et éphémères de la folie médiatique.

Ces idées sont incomplètes, imparfaites, à développer, mais je pense qu'elles constituent une base globale et une vision plus saine dans laquelle beaucoup de musulmans se retrouveront, ce ne sont que des propositions.
J'ai conscience aussi qu'il est très difficile voir impossible qu'une telle mentalité s'empare de tous les musulmans de France, changeant subitement leur manière de voir les choses. Mais il suffit qu'un petit nombre de bonnes personnes motivées y réfléchissent et ça permettra incha Allah, d'avancer dans le bon sens.
Car l'enjeu n'est pas d'avancer, mais d'avancer dans le bon sens.

Pour approfondir tous les sujets effleurés, il y a des quantités de lectures disponibles sur le sujet, et je laisse à chacun le soin de s'interroger sur cette question centrale dans ce cheminement :

Que voulons nous vraiment ?


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