Le mauvais prisme

Penser que la "lutte contre l'islamophobie" est bonne pour les musulmans tient de la même logique défaillante que celle qui vise à résoudre les problèmes économiques avec plus de croissance.

Vouloir de la croissance pour soigner l'économie, c'est commencer par vouloir que le système économique/financier actuel perdure. C'est penser qu'il est pertinent, juste et durable, et que la croissance infinie n'est absolument pas une aberration dans un monde limité par nature. C'est valider toute une liste de croyances et de dogmes qui fondent l'économie et la finance moderne.

C'est penser que le seul problème est un "manque de croissance" dû à des aléas économiques aléatoires, passagers, qui ne sont en aucun cas des symptômes de dysfonctionnements profonds et intrinsèque à la manière dont la machine tourne.

Pensez ça, c'est à mon humble avis se tromper.

De la même manière, lutter contre l'islamophobie c'est définir le problème de "peur de l'islam" ou "haine de l'islam" comme central, et ces sentiments comme inadmissibles. Et donc, c'est chercher à tout prix à les faire diminuer en partant du principe que tout le monde doit fraterniser avec tout le monde au nom d'une idéologie humaniste totalitaire, en pensant que la seule autre issue est le chaos.

C'est sciemment affirmer que la seule voie que les musulmans doivent emprunter est l'insertion sans conditions dans un système qui garantit théoriquement le "respect des croyances", en assurant la dissolution de toutes les revendications idéologiques dans une sorte de bouillie uniformisée.

C'est donc également, renoncer à aborder la question sous un autre angle, à savoir que le rejet de l'islam et l'hostilité à l'encontre de ses pratiques sont inévitables.

Lutter contre "l'islamophibie", c'est souvent pour certains dénigrer ceux qui ne se placent pas dans cette logique victimaire et cette conception de la lutte, en les accusant de fatalisme et en leur niant toute bonne volonté.

Admettre que l'islam sera toujours rejeté par certains, ce n'est pas automatiquement adhérer à une position fataliste. Ce schéma d'auto-défense bien ancré dans les esprits des défenseurs de la lutte victimaire doivent être détruits.

Il existe bien d'autres possibilités de luttes, un champ bien plus ouvert qu'ils le croient.

Mais surtout, cet objectif est un leurre. Cet objectif de "lutter contre l'islamophobie" n'en est pas un. C'est un piège dès le départ. Souscrire à cette lutte c'est considérer l'islam comme une étiquette ethnico-culturelle et se ranger à défendre un illusoire "droit à la différence" aux côtés des skoliosexuels, LGBTistes, dans un système qui tolère la "différence" tant qu'elle reste folklorique et ne le contredit pas dans ses croyances.

Ceux qui valident ces principes et mécanismes, ce prisme de lecture biaisé ne sont pas les amis de l'islam et des musulmans, loin de là.


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